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Lettre No. 1

Linking Solidarity

English - Español



INTRODUCTION

C'est le premier (un double) numéro de la Linking Solidarity Lettre de liaison. Au moment où cet article est publié, il y a dans le monde environ 43.980 familles qui s'inquiètent du sort d'un de leurs membres 'disparu'. 43.980 est un chiffre qui ne peut nous laisser indifférents. En réalite, beaucoup plus de familles sont concernées. En 1996, le "UN Workinggroup on Enforced or Involuntary Disappearances" a réalisé une enquête sur les "disparitions" dans 63 pays. Dans environ 40 de ces pays les familles se sont regroupees afin de demander des explications. Dans les 23 pays restant, cela s'avère beaucoup trop dangereux non seulement pour les personnes 'disparues' mais aussi pour leurs familles. Il est également possible que dans ces pays les "disparitions" ne soient pas officiellement déclarées. Cela explique pourquoi le chiffre de 43.980 est une évaluation minimale. Ces personnes ont 'disparues' mais on ne les a pas oublie. On les recherche. En silence.




REPORT DU "WORKING GROUP ON ENFORCED OR INVOLUNTARY DISAPPEARANCES" (E/CN.4/1997/34)


A Genève, en avril dernier, s'est déroulée la 53e session de la "Commission on Human Rights" (Commission sur les droits de l'homme). Le "Working Group on Enforced or Involuntary Disappesrances" a fait un rapport sur ses activitesDepuis la création (1980), un Groupe de travail d'experts indépendants au sein de l'ONU, s'occupe des 'disparitions'. Le Groupe de travail exerce une pression sur les différents gouvernements; des missions sont effectuées et tant qu'il subsiste un doute concernant le sort des victimes, ces pays restent signalés dans le rapport. Certaines victimes faisaient partie de l'opposition, d'autres étaient journalistes, dirigeants syndicals, étudiant ou appartenaient à un certain groupe éthnique ou une religion. Souvent les gouvernements nient toute responsabilité. Ils refusent de reconnaître les faits, même si leur responsabilité est prouvée.

Le nombre des "disparitions" non-résolues concerne 43.980 personnes. En 1996, le Groupe de travail des experts a reçu 551 nouvelles plaintes concernant des "disparitions" provenant de 28 pays. Ces "nouvelles disparitions" se produisent surtout au Tchad, en Chine, en Colombie, en Indonesie, en Iraq, au Mexique, au Sri Lanka et en Turquie.

Aux pages 70 et 71 du rapport le Groupe de travail a écrit:

Le Groupe de travail tient a rappeler aux gouvernements qu'une véritable coopération doit se fonder sur des efforts efficaces afin de clarifier les cas qui ne sont pas encore résolus et d'éviter que de nouveaux cas se produisent. A cet égard, les résultats sont très mauvais.

Ces dernières années, suite aux instructions de la Commission, le Groupe de travail ne s'est plus contenté d'aider les membres des familles et des gouvernements qui cherchent à résoudre des cas de disparition individuelle. En effet, il a également assumé la surveillance du respect par les Etats de leurs responsabilités en vertu de la Déclaration sur la protection de toutes personnes contre la disparition forcée, adoptée par l'Assemblée générale le 18 décembre 1992. Cependant, il semble que la mise en uvre des dispositions de la Déclaration soit extrêmement lente. Très peu nombreux sont les pays qui ont mis en place des lois spéciales faisant de la disparition forcée un délit, ou qui ont mis en uvre les dispositions de la Déclaration.

Le Groupe de travail répète que ses efforts doivent impérativement continuer à s'appuyer sur la coopération des organisations non gouvernementales qui s'intéressent au problème des disparitions. Ces organisations se sont déjà révélées être la conscience de la communauté mondiale, et leurs efforts méritent notre soutien. En même temps, le Groupe de travail reconnaît que, dans certaines affaires, les organisations non gouvernementales ne sont malheureusement pas toujours restées en contact avec leur source, et aussi que d'autres affaires ont été archivées, ce qui nuit aux efforts du Groupe de travail en vue d'assurer le suivi de certains cas individuels.

Si vous désirez contacter le Groupe de travail (à nouveau), l'adresse est indiquée ci-dessous:

Working Group on Enforced or Involuntary Disappearancesattn. Ms. Kathryn Hinkle-Babul
Palais des Nations
CH 1211 Geneva 10
Switzerland
Tél: (41-22) 917.1234 - 907 1234
Fax: (41-22) 917.023


LES CADAVRES DES CHARNIERS BOSNIAQUES RESTENT INTROUVABLES

(un extrait d'un interview avec Manfred Nowak par Petra de Konin Depuis trois ans Manfred Nowak chargé de mission par l'ONU fait une recherche sur les personnes 'disparues' dans l'ex-Yougoslavie. Il a fait la collecte de leurs informations et a dirigé les équipes de l'identification. Un grand nombre de charniers ne sont pas encore découverts et il y a environ encore 25.000 personnes 'disparues' mais au début Manfred Nowak a démissionné de l'ONU pour rejoindre la commission des droits de l'homme à Genève.

Les pays membres de l'ONU n'ont pas eu le budget nécessaire pour qu'il puisse continuer sa recherche. Ainsi il a rencontré des oppositions surtout provenant des USA mais aussi d'IFOR, de la Croix Rouge et même et des partis d'opposition de l'ex-Yougoslavie.

Selon Manfred Nowak, c'est une décision politique qui empêche la libre circulation des informations. D'après ces rapports il apparaît qu'un grand nombre de personnes 'disparues', sont des musulmans et il s'agit principalement de civils. Nowak: "ceci met à nouveau en evidence ce que les Serbes disent, ce sont uniquement les militaires qui ont succombe pendant la bataille. Ils disent: nous avons aussi nos listes de personnes 'disparues', mais nous ne voulons pas l'ébruiter.

Nowak a constaté, stupéfait, que la communauté internationale souhaite que les partis politiques eux-mêmes doivent résoudre le problème des personnes 'disparues'. Apparemment les pays membres de l'ONU pensent que seul l'usage de la pression est suffisant. En Bosnie, dit Manfred Novak, tout est comme ça, "quelle fichue politique!". Il est impensable que les trois groupes ne puissent pas trouver d'intérêt commun afin de sortir de la crise. Bien sûr comme toujours, il s'agit du nationalisme. Pour les charniers ne contenant aucun de leurs militants, ils disent que ce sont vos morts, ça ne nous intéresse pas. Un membre de la commission croate pour les personnes 'disparues' m'a dit: "si je vois au vêtement du cadavre qu'il est musulman, je referme la tombe". Si les cadavres peuvent être échangés, ils sont prêts à ouvrir les charniers.

Contrairement à ce que veulent les Etats Unis et les autres états membres, il n'est pas possible , selon Nowak, de laisser le problème des milliers de personnes 'disparues' aux partis de l'ex-Yougoslavie. "En Bosnie on entend souvent dire: cette guerre n'est pas de notre faute mais celle de la communauté internationale. Au début j'ai dit: écoutez, vous vous êtes entretués et nous n'avons pas fait suffisamment d'efforts, mais nous n'avons non plus mené cette guerre." A ce sujet, il a une autre idée sur le problème." Peut être parce que je suis Autrichien. Les nazis sont responsables du massacre des Juifs, ils ont reçu peu de soutien de la part du reste du monde. L'Holocaust fût le commencement de la protection internationale des droits de l'homme ce qui a mis fin à l'idée d'une seule responsabilité interne". Il a vu pendant trois ans dans les moindres détails ce qui s'est produit en ex-Yougoslavie. "Maintenant j'ai même la conviction que nous avons échoué".




DISCOURS DE TOINE VAN DONGEN

Au printemps 1996, 5 représentants de différents comités de parents de "disparus" furent invités à l'occasion de la réunion organisée par la "Linking Solidarity". Toine van Dongen, ancien membre du "UN Working Group on Enforced or Involuntary Disappearances", ouvrit la réunion:

Au fil des années, les méthodes de travail du Groupe de Travail sont devenues plus efficaces. Paradoxalement, l'impact relatif du Groupe de Travail sur la communauté internationale a diminué. En fait, nous travaillons avec d'autres organisations de l'ONU. Il y a maintenant un mécanisme très efficace grâce auquel des affaires sont très vite passées aux rapporteurs sur la torture ou sur les exécutions extrajudiciaires, ou au rapporteur sur un pays.

Nous avons aussi créé quelques démarches spéciales. Le Groupe de Travail travaille dans l'ancienne Yougoslavie depuis le tout début. Après ma première visite en 1993, j'ai proposé l'établissement d'une procédure spéciale pour cette région, puisque nous ne pouvions pas nous occuper d'une telle quantité de cas. Une procédure a été mise en place, et une personne du Groupe de Travail, M. Manfred Nowak, a été nommée responsable. Mais les standards sont restés les mêmes pour toutes les situations. Dans les conclusions de son rapport, M. Nowak écrit que seuls quelques pays ont accordé leur coopération. La Yougoslavie n'a pas répondu. M. Nowak fait référence à la Déclaration de l'ONU sur les 'disparitions' (1992) et aux accords de Dayton, qui traitent spécifiquement de la résolution des 'disparitions'.

Au cours des dix dernières années, l'Union européenne a eu l'occasion d'exercer une pression collective. Vous, le comité des parents, devez avoir accès aux gouvernements, tels que celui des Pays-Bas, qui peuvent pousser l'Union européenne soit à exercer une pression publique, soit à faire des démarches diplomatiques. La politique néerlandaise des droits de l'homme est très claire, tandis que celle de l'Union collective l'est beaucoup moins. Une approche par le biais d'un pays tel que les Pays-Bas a deux avantages. D'abord, en impliquant les autres pays européens, vous les encouragez à se prononcer sur un sujet sur lequel ils ne se prononceraient probablement pas autrement. Ensuite, il y a un poids collectif, comme on l'a vu dans le cas du Myanmar. La déclaration de l'Union européenne a aussi un poids très important au sein de la Commission de l'ONU.

Je suis déjà allé en mission dans des pays tels que le Sri Lanka ou le Pérou. Mais pour moi, le travail du Groupe de Travail est plutôt facile. Je n'ai jamais ressenti la peine qui suit la 'disparition' d'un membre de sa propre famille.




LES HIJOS D'ARGENTINE : "L'IMPUNITÉ DU PASSÉ EXPLIQUE LA VIOLENCE ACTUELLE"

(cet article a été écrit par Mariano Slutzky, et publié dans "Internationale Samenwerking")

Hijos est le mot espagnol qui signifie fils et fille. En Argentine, ce mot signifie les enfants des desaparecidos, c'est-à-dire les personnes qui ont été kidnappées et tuées entre 1976 et 1983 par le régime militaire. Le père de Martin Ramirez (âgé de 29 ans) est un des 30 000 desaparecidos. Il y a deux ans, Ramirez et quelques autres personnes ayant subi une semblable perte ont fondé Hijos. "Lorsque nous nous sommes parlés après les manifestations, nous avons réalisé que nos questions et problèmes étaient les mêmes. Qu'est-il arrivé à nos parents, et pourquoi ? Pourquoi les malfaiteurs ne sont-ils pas punis ? Comment peut-on défaire l'héritage que la dictature nous a laissé ? Actuellement, les jeunes adhérents de Hijos sont presque un millier. Il y a 17 sections, et l'âge moyen est de 21 ans. Presque tous les Hijos et Hijas souffrent de problèmes économiques. Après la 'disparition' d'un de leurs parents, ou des deux, la plupart de ces enfants se sont retrouvés avec d'autres membres de la famille ou dans des foyers, et ils devaient gagner leur vie. "Nous voulons la justice," explique Ramirez. "La vengeance n'est pas notre objectif. Elle ne ramènera pas nos parents. Mais, les soldats, policiers et civils qui ont violé les droits de l'homme doivent être punis, puisque l'impunité crée des précédents dangereux. En Europe, les criminels nazis ont été condamnés après la Deuxième Guerre mondiale, et des mesures ont été prises afin qu'une pareille terreur ne puisse jamais se répéter. Nous voulons aussi que la société tire les leçons du passé. Les conséquences actuelles du passé ne font quasiment l'objet d'aucun débat. A cet égard, l'église catholique, qui soutenait activement les bourreaux militaires, a fait très peu de progrès avec une telle discussion. Il est regrettable que les autorités ecclésiastiques aient très tôt mis fin à ces efforts," selon Ramirez. Cependant, il prend note de quelques progrès, notamment dans les écoles. "Cette année, pour la première fois, les cours d'histoire traitent de la dictature. Mais même ceci, malheureusement, dépend de la volonté du professeur d'histoire. C'est la raison pour laquelle nous organisons des ateliers et des conférences dans les écoles secondaires. Nous avons également une colonne dans un quotidien national."

En plus de manifester, les membres d'Hijos s'entraident. Ramirez explique : "Nous avons notre propre groupe de soutien. Il peut être très difficile de discuter du passé, et ça nous aide de pouvoir partager notre angoisse avec d'autres personnes qui ont souffert de la même manière. Nous accompagnons nos confrères lorsqu'ils s'en vont rechercher des informations sur leurs parents dans des archives, ou lorsqu'une nouvelle fosse commune est découverte. Beaucoup de jeunes n'apprennent ce qui a eu lieu qu'à ce moment, puisque les oncles, tantes ou autres membres de la famille avaient toujours évité ce sujet afin de ne pas causer de peine aux enfants. Mais ce qui fait vraiment souffrir, c'est de ne rien savoir."

Hijos concentre aussi son attention sur l'héritage macabre de la junte argentine : la recherche des quelques 500 enfants qui ont été enlevés lors de la 'disparition' de leurs parents, ou bien qui sont nés en prison. Ces enfants ont été confiés aux familles des militaires de grade élevé. "Les militaires ont adoptés ces enfants afin de les élever avec leurs valeurs et standards." Hijos a pu retrouver une cinquantaine de ces enfants, parfois à l'aide d'examens d'ADN. Au moins sept de ces enfants ont été tués en prison.

Parmi les priorités des membres d'Hijos figure la création d'un musée et d'un centre de documentation. "Le seul endroit public qui rappelle le régime dictatorial est une place qui porte les noms des desaparecidos et de l'écrivain Rodolfo Walsh. L'endroit que nous envisageons ne sera pas seulement un commémoratif permanent, mais aussi un centre où l'on peut se renseigner sur les droits fondamentaux de l'homme"


TÉMOIGNAGE DE A. EL MANOUZI (APADM, MAROC)

Après plus de 35 ans, presque 100 personnes restent portées 'disparues'. Amnesty International a également établi la 'disparition' de 500 Saharawis. En juillet 1994, le gouvernement marocain a libéré les prisonniers de Tazmamert. Entre juillet 1994 et novembre 1995, dix autres personnes ont 'disparu'.

Au cours des quelques dernières années, la situation des droits de l'homme a connu quelques progrès. Nous sommes très reconnaissants aux défenseurs étrangers des droits civils et des droits de l'homme, tels qu'Amnesty International. Ces personnes assurent que les droits de l'homme soient constamment à la une de l'actualité. Les événements importants de 1994 ont été le résultat de pressions étrangères, notamment de la part du Président des Etats-Unis. La question des 'disparitions' est devenue un critère incontournable de la réforme politique au Maroc. En outre,un processus de paix a vu le jour au Sahara, et beaucoup de prisonniers de ce conflit ont été libérés.

Des discussions sont donc actuellement en cours entre sociétés civiles, entre la société civile et le gouvernement marocain, et entre le gouvernement et les Etats-Unis. Les syndicats et le bloc démocratique cherchent aussi à résoudre des cas de 'disparition' individuelle. Certes, il y a eu des progrès, et le problème des 'disparitions' n'est plus un sujet tabou au Maroc, mais les résultats concrets sont plutôt rares. Nous-mêmes, ainsi qu'autres organisations des droits de l'homme, avons eu des discussions avec le ministre de l'Intérieur, et ce dernier a exprimé sa volonté d'aider les libérés, mais il a aussi dit qu'il ne pouvait rien faire en ce qui concernait les 'disparitions', puisque d'autres départements ou services en étaient peut-être à l'origine. Nous avons également subi un développement négatif. Beaucoup de gens considèrent actuellement que le Maroc est un pays démocratique qui pourra retarder le progrès du fondamentalisme. L'impact de cette idée sur les droits de l'homme a été plutôt négatif, puisque l'on croit que la situation au Maroc est bien meilleure qu'ailleurs. Une personne très reconnue dans notre organisation a passé 18 ans dans une prison secrète, et il est maintenant persécuté de la même manière qu'il l'était il y a 20 ans.

Qu'attendent les familles des 'disparus' au Maroc ? Ces affaires ne peuvent être résolues qu'avec le soutien de groupes internationaux de défenseurs des droits de l'homme et de gouvernements étrangers. Nous avons aussi besoin de contributions en ce qui concerne la substance et les techniques de nos efforts, de soutien logistique et de gestion pour les traductions et les communications, et d'informations concernant les développements internationaux relatifs aux 'disparitions'. Enfin, l'intégration des réseaux internationaux est indispensable.


Témoignage de Ljubica Butula (Fenix of Croatia; Croatie)

Pendant 18 mois, je n'avais pas eu de nouvelles de mon fils. Apparemment, il a été blessé, et ensuite tué à un autre endroit. Notre organisation a été créée en juin 1993, principalement par les parents des personnes qui ont 'disparu' pendant la guerre. Nous recherchons 2 800 personnes 'disparues' en 1991 et dans les premiers mois de 1992. Ils sont probablement tous morts. Comme l'a dit un des généraux commandant les massacres de Vukovar, environ 1 400 prisonniers ont été tués en un jour. 260 personnes, des blessés ou des membres du personnel, ont été enlevées de l'hôpital de Vukovar, et elles ont toutes été tuées dans les environs.

Près de Zagreb, nous avons également trouvé des fosses communes qui datent de plus de cinq ans. Il est en générale plus facile d'identifier des civils que des soldats, puisque les civils portent souvent leurs vêtements et effets personnels. Les obsèques se suivent, les unes après les autres. Nous sommes très déçus des résultats des efforts de la Croix Rouge Internationale, puisqu'ils ne peuvent rien faire sans la coopération de l'autre côté. Quant à UNPROFOR, ils nous répondent que ce problème n'est pas de leur ressort.

Des lettres, déjà plus de 500 pages dans mon ordinateur, ont été envoyées à des ministres, à des représentants et des organisations de l'ONU, et à toute autre personne qui pourrait nous aider. Mais comment peut-on forcer les Serbes à dire la vérité ?

Tous les jours, des gens m'appellent pour voir ce que l'on peut faire, puisqu'il n'y a pas de progrès dans leur région. Beaucoup de gens ne croient plus qu'on pourra un jour les aider. L'identification est très difficile, et très chère. Ils se croient oubliés par le monde entier.




Sylvia Dlomo-Jele de KHULUMANI SUPPORT GROUP en Afrique du Sud:

"ON M'A SOULAGÉ D'UN FARDEAU, MAIS JE N'ARRIVE PAS À PARDONNER."

(cet article a été écrit par Harmen van Dijk, et publié dans "Trouw")

"Mon témoignage m'a beaucoup soulagé, et je ne ressens plus ce fardeau. Pendant toutes ces années, je m'étais posée la question : pourquoi m'avait-on enlevé cette personne que j'aimais tellement ? Et pourquoi personne n'écoutait-il nos histoires ?"

Sylvia Dlomo-Jele a témoigné en avril 1996 devant la Commission de la vérité en Afrique du Sud. Elle a racconté aux membres de la Commission, présidée par l'évêque Desmond Tutu, le meurtre, en 1988, de son fils Sicelo. Il a été victime du régime de l'apartheid, Dlomo-Jele en est certaine. "Je sais bien que c'est la police qui l'a tué. Mon fils a été en prison trois fois. Lorsqu'on l'avait libéré la dernière fois, on lui a dit : Tu te crois très intelligent, mais un de ces jours, on te mettra une balle dans la tête. Deux semaines plus tard, il a été abattu. J'ai demandé à la commission de retrouver les meurtriers. Je veux que la personne qui a tué mon fils soit punie. Elle doit aller en prison. Je suis contre la peine de mort, puisqu'une telle punition nous ferait retomber à leur niveau. Mais sa famille doit ressentir ce que j'ai ressenti."

Dlomo-Jele reconnaît que la punition n'est pas l'objectif de la Commission de la vérité qui parcourt le pays depuis avril tout en recueillant des témoignages. Si les malfaiteurs avouent tous leurs crimes devant la commission, ils sont amnistiés. Elle a du mal à accepter cette idée. "Vous ne pouvez pas dire à un meurtrier qui reconnaît avoir commis des meurtres : 'C'est bien, vous êtes libres parce que vous avez dit la vérité.' Si vous arrivez à dire une telle chose, c'est parce que vous n'avez jamais ressenti une peine pareille. Pardonner et oublier, ça je ne peux pas le faire. Ils m'ont tout enlevé. Qui s'occupera de moi quand je serai vieille ? La plupart de mes amis veut que les malfaiteurs soient punis."

"Autrefois, nous avions peur d'aller voir le juge, même si nous avions l'argent nécessaire. Je n'ai jamais pu demandé qui a tué mon fils. La Commission nous aide en nous donnant accès à des avocats, et en nous protégeant." Le groupe de soutien Khulumani (Khulumani Support Group) a été créé par quatre femmes dont des membres de la famille ont péri suite aux violences dans les banlieues. Maintenant, ce groupe de quatre femmes soutient - avec des ressources très limitées - sept cents personnes. "J'ai assisté à tous les enterrements à Soweto, et j'ai rendu visite aux familles afin de les aider. C'est comme ça que le groupe s'est agrandi. Au fond de moi, j'avais toujours l'idée que la même chose pourrait m'arriver," raconte Dlomo-Jele. Elle craignait constamment que son fils soit tué. Sicelo participait activement aux manifestations des étudiants noirs. "Et quand votre enfant participait activement, vous saviez bien que ses jours étaient comptés. Il devait constamment se cacher. A un moment donné, je l'ai envoyé vivre avec des parents dans une autre ville, mais on l'a arrêté là aussi. La police le suivait partout."

Deux semaines après sa dernière libération, Sicelo a participé à une réunion du mouvement étudiant. La dernière fois qu'on l'a vu, il prenait une casquette. Plus tard, Dlomo-Jele a découvert qu'il avait participé à un documentaire préparé par un groupe de journalistes pour la télévision étrangère. Elle croit que c'était le motif de son meurtre par la police. Le lendemain, elle a vu le cadavre de son fils, ce dont elle est maintenant reconnaissante. Grâce à son travail, elle connaît beaucoup de femmes dont les enfants ont 'disparu', et qui cherchent et espèrent toujours. "Ça m'a fait de la peine, mais j'ai pensé 'Merci, mon fils, au moins je pourrai venir te voir au cimetière.' C'est mieux pour moi ainsi. Quand je me rends au cimetière, j'ai l'impression qu'il m'entend. Les parents des 'disparus' cherchent sans cesse, ils sont toujours à l'écoute, et lorsqu'ils découvrent quelqu'un qui a la même voix que leur parent 'disparu', ils vivent quelques instants d'espoir. C'est terrible. Une fois, mon fils avait 'disparu' pendant quatre mois. Je l'ai cherché partout. Enfin, j'ai découvert qu'il était dans la prison que j'avais visitée quelquefois en le recherchant."

Dlomo-Jele était calme en racontant la mort de son fils, mais quand elle parle des femmes qui ne savent toujours pas où sont leurs maris ou enfants, les larmes coulent de ses yeux. "A Soweto, il n'y a ni crocodiles, ni lions qui peuvent faire disparaître des gens. Il n'y a que des personnes qui peuvent faire cela. Des personnes qui se disent croyantes. N'est-ce pas incroyable ?"

Pendant des années, Dlomo-Jele croyait que l'Afrique du Sud était le seul pays où des personnes disparaissaient, étaient torturées ou tuées. Mais, sa participation en juin 1996 à la conférence du Linking Solidarity lui a ouvert les yeux. Elle a rencontré des représentants d'organisations pour les droits de l'homme de plusieurs pays, y compris l'Argentine, les Philippines, la Croatie et le Maroc, et tous racontaient la même histoire.

"J'ai beaucoup appris. Ça vous aide d'apprendre que d'autres gens dans d'autres pays ont subi la même chose." Pendant la conférence, les groupes ont discuté de leurs méthodes de travail, et de leurs efforts pour que le souvenir des 'disparus' et des morts reste vivant. Dans deux semaines, le groupe de soutien Khulumani organisait une journée commémorative pour tous leurs adhérents. Dlomo-Jele voulait rentrer rapidement, puisqu'elle craint que quelque chose ne se passe mal si elle n'est pas là pour tout surveiller. Elle attend beaucoup de ce jour-là : "Des centaines de parents viendront. Nous écrirons les noms de tous les 'disparus' et des morts sur une grande feuille de papier, et tout le monde allumera un cierge. J'en tiendrai autant que possible, au cas où certaines victimes n'aient plus personne pour le faire pour eux."


LISTE DES PAYS DANS LESQUELS DES COMITÉS DE PARENTS DE "DISPARUS" ONT ÉTÉ CONSTITUÉS

Algérie
L'Argentine
La Bolivie
Bosnia-Herzegovina
Le Brésil
Le Chili
La Chine
Colombie
Croatia
Cuba
El Salvador
Guatemala
Haïti
Honduras
L'Inde
Israel
Le Liban
Le Maroc
Mauretania
Mexique
Namibia
La Palestine
Paraguay
Peru
Philippines
Rwanda
Sahara Occidental
L'Africe du Sud
Sri Lanka
Thailand
La Turquie
Uruguay
Venezuela
Zimbabwe


ADDRESSES DES ORGANISATIONS QUI VEULENT ENTRER EN CONTACT AVEC VOUS




Pays: Bosnia-Herzegovina
Nom de l'organisation: Hercegovacki Soko
Contactperson: Zdravko Mikulic
Adresse: Mostar
Kralja Tomislava 18A
Bosnia-Herzegovina
Telephone: ++387 88 317 133
Fax: ++387 88 317 133
Language: Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: Sri Lanka
Nom de l'organisation: INFORM
Contactperson: Sunilla Abeysekera
Adresse: S. Jayaratna Avenue
Colombo 5
Sri Lanka
Telephone: ++94 1 584350
Fax: ++94 1 580721
Language: Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: Sri Lanka
Nom de l'organisation: OPFMD Re-Mode-Sri Lanka
Contactperson: Mr. Chandra Peiris
Adresse: No. 36/10
Ananda Rajakaruna Mawatha
Colombo 10
Sri Lanka
Telephone: ++ 94 1 699470
Fax: ++ 94 1 699470
Email: opfmd@slt.lk
Language: Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier, preference Honduras


Pays: Namibia
Nom de l'organisation: National Society for Human Rights
Contactperson: Mr. Phil Ya Nangoloh
Adresse: PO Box 23592
Windhoek
Namibia
Telephone: ++ 264 61 236 183
Fax: ++ 264 61 234 286
Language: Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: Liberia
Nom de l'organisation: Liberia Watch for Human Rights
Contactperson: Mr. Thomas A. Bureh
Adresse: Vai Town
PO Box 5480
Monrovia
Liberia
Telephone: ++ 231 221 900
Language: Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: Somalia
Nom de l'organisation: Saacid Voluntary Organization
Contactperson: Khadija Ossoble Ali
Adresse: C/O Adra Somalia
PO Box 14756
Nairobi
Kenya
Telephone: ++ 254 2 448392
Fax: ++ 254 2 448391
Language: Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: El Salvador
Nom de l'organisation: Asociacion pro-busqueda de los ninos
Contactperson: Ralph Sprenkels
Adresse: A.P. 3211
Centro de Gobierno
San Salvador
Republica de El Salvador
Telephone: ++ 503 222 9067
Fax: ++ 503 222 9067
Email: pronino@es.com.sv
Language: Espagnol
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: Colombia
Nom de l'organisation: ASFADDES
Contactperson: Yanette Bautista
Adresse: Cra. 6 no. 14-98
Piso 14 Oficina 14-02
Santafé de Bogota
Colombia
Telephone: ++ 57 1 2811387
Fax: ++ 57 1 2832364
Language: Espagnol
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier




Pays: Mauretania
Nom de l'organisation: Comité de Solidarité avec les victimes
de la Répression en Mauretania
Contactperson: Mme. Ba Kadiata Malick Diallo
Adresse: BP 3765
Nouakchott
Mauretania
Telephone: ++ 222 2 568 07
++ 222 2 594 22
Fax: ++ 222 2 541 33
(Mentioning Lalla Aicha)
Language: Français
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: Mauretania
Nom de l'organisation: Le Collectif des Veuves
Contactperson: Mme. Houleye Sall
Adresse: BP 6182
Nouakchott
Mauretania
Telephone: ++ 222 2 56807
Fax: ++ 222 2 54133
(Mentioning Lalla Aicha)
Language: Français
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: Moroc
Nom de l'organisation: Apadam
Contactperson: Mr. Brahim El Manouzi
Adresse: PO Box 24243
3007 DE Rotterdam
The Netherlands
Language: Français, Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: L'Argentine
Nom de l'organisation: Hijos
Contactperson: Mr. Martin J. Ramirez
Adresse: Av. Corrientes 4645 2oB (1195)
Buenos Aires
L'Argentine
Telephone: ++ 54 1 8673997
Email: Ramirez@abaconet.com.ar
Language: Espagnol, Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier




Pays: Venezuela
Nom de l'organisation: Fedefam
Contactperson: Ms. Maria del Carmen Pariente
Adresse: Apado. 2444
Carmelitas 1010-A
Caracas
Venezuela
Telephone: ++ 58 2 5640503
Fax: ++ 58 2 5642746
Email: fedefam@true.net
Language: Espagnol, Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: Haïti, Philippines, Sahara Occidental


Pays: Le Brésil
Nom de l'organisation: Associacao Maes de Acari
Contactperson: Vera Lucia Plores Leite
Adresse: CBDDA
Rua Evaristo da Veiga, 35, sala 1803
Centro, Rio de Janeiro
CEP 20 100 RJ
Le Brésil
Telephone: ++ 55 21 220 9903
Language: Portuguese, Espagnol
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: Guatemala
Nom de l'organisation: Conavigua
Contactperson: Rosalina Tuyuc
Adresse: 8a Avenida 2-29, zona 1
Guatemala Ciudad
Guatemala
Telephone: ++ 502 42 537914
Language: Espagnol
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: Honduras
Nom de l'organisation: COFADEH
Contactperson: Ms. Bertha Oliva de Natavi
Adresse: Apdo Postal 1243
Tegucigalpa
Honduras
Telephone: ++ 504 37 9800
Fax: ++ 504 37 9800
Email: cofadeh%sdnhon@sdnhq.undp.org
Language: Espagnol
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier




Pays: Chili
Nom de l'organisation: AFDD
Contactperson: Mireya Garcia Diaz C. & Sola Sierra H.
Adresse: Manuel Rodriguez 33
Santiago de Le Chili
Le Chili
Telephone: ++ 56 6960678
Fax: ++ 56 6988609
Email: fasic@lauca.usach.cl
Language: Espagnol
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: Haïti, Sri Lanka, L'Africe du Sud, former Yugoslavia


Pays: Croatia
Nom de l'organisation: Croatian Phoenix
Contactperson: Ms. Ljubica Butula
Adresse: Ilica 256B
10000 Zagreb
Croatia
Telephone: ++ 385 1 177 600
Fax: ++ 385 1 177 600
Email: H-Fenix@public.srce.hr
Language: Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: the Philippines
Nom de l'organisation: FIND
Contactperson: Ms. Aileen Bacalso
Adresse: PO Box AC 546
Cubao 1135
Quezon City
the Philippines
Telephone: ++ 632 435 00 68
Fax: ++ 632 435 00 68
Email: FIND@phil.gn.apc.org
Language: Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: Asia-Pacific Region


Pays: El Salvador
Nom de l'organisation: Comadres
Contactperson: Miriam Granados
Adresse: Av. San Jéronimo no 137
Col. San Angel
C.P 01000 Mexique D.F.
Telephone: ++ 52 616 22 98
Fax: ++ 52 616 22 98
Language: Espagnol
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier




Pays: El Salvador
Nom de l'organisation: Comadres
Adresse: Pasaje nol Casa no 122
Col. Santa Eugenia
San Miguelito
San Salvador
El Salvador
Telephone: ++ 503 2229023
Fax: ++ 503 2229023
Language: Espagnol
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: monde entier


Pays: L'Inde
Nom de l'organisation: Asociation of parents of disappeared
persons
Contactperson: Ms. Parveena Ahanger
Adresse: Dhobi Mohalla
Batamaloo, Srinager
190001 Jammu and Kashmir
L'Inde
Language: Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: Algérie, La Chine, La Palestine, Sri Lanka, La Turquie & Libanon


Pays: L'Africe du Sud
Nom de l'organisation: Khulumani Support Group
Contactperson: Ms. Sylvia Dlomo Jele
Adresse: PO Box 30778
Braamfontein 2017
L'Africe du Sud
Telephone: ++ 27 11 403 5650
Fax: ++ 27 11 339 6785
Email: csvr@wn.apc.org
Language: Anglais
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: Chili, Namibia, Rwanda, Zimbabwe


Pays: Peru
Nom de l'organisation: COFADER
Contactperson: Ms. Ofelia Antezana Torre
Adresse: Jr. Carabaya 831, Ofc. 406-F
Lima
Peru
Telephone: ++ 51 432 72 66
Language: Espagnol
Veut entrer en contact avec les organisations provenant de: L'Argentine, La Bolivie, Le Chili, Israel/OT, Libanon, Uruguay, former Yugoslavia


CONFÉRENCES


A l'occasion de la "Semaine Internationale des Disparus", les Philipines furent le pays de rencontre des représentants des différents comités de parents de "disparus". Des comités provenant de l'Argentine, de l'Afrique du Sud, du Cambodge, du Sri Lanka et du Salvador échangèrent leurs expériences réciproques. Un compte-rendu de la conférence est disponible auprès de Find. (l'adresse est signalée dans la liste d'adresses)


APPEL

Si vous souhaitez que dans votre pays une conférence ou une rencontre soit rendue publique; ou bien si vous avez besoin d'aide concernant l'invitation ou la recherche de participants, vous pouvez toujours prendre contact avec la "Linking Solidarity". Nous pouvons propager l'annonce de la conférence concernée et dans cette lettre de liaison vous pouvez par la suite faire le compte-rendu concernant les résultats et la réunion.

Afin que cette lettre de liaison devienne davantage un bulletin des comités de parents de "disparus", conçu par eux, vous trouverez ci-joint un appel voire l'envoi d'articles ou d'annonces. Il est intéressant que l'on sache comment d'autres comités militent, de quelle manière ils entretiennent le souvenir des 'disparus' ou quels sont les problèmes auxquels ils se heurtent pendant leur campagne de recherche. Il est tout à fait possible que d'autres comités réagissent à ce sujet en apportant des conseils utiles. Il est également intéressant de savoir quels avantages peut apporter une coopération locale (comme ce qui est réalisé par le Fedefam en Amérique latine). Alors n'hésitez pas et envoyez votre contribution à:


LINKING SOLIDARITY
Postbus 114
3500 AC Utrecht
Les Pays-Bas
Europe


Tel: ++31-30-2334027
Fax: ++31-30-2367104
E-mail: hom@euronet.nl


Desaparecidos